vendredi 23 janvier 2009

Happy note


J'aime le vendredi soir.


La ville se remplit d'odeurs, de bruits, de voix, de gens.

Au loin, on entend le moteur de la voiture surpuissante du jeune homme post-pubère qui espère compenser son complexe de petite bite avec un gros engin rugissant.

On sent les hormones de la femelle en chaleur qui espère se faire sauter pour avoir l'illusion, rien qu'une nuit, d'être aimée et d'exister.

On renifle les phéromones des mâles en rut qui espèrent fourrer ce soir, pour se vanter auprès des potes et ajouter une brebis, même galeuse, à leur tableau de chasse.

On fronce le nez à côté du vieux qui a passé son après-midi à s'enfiler des bières et qui s'est pissé dessus en oubliant de mettre ses couches.

On déglutit péniblement devant la petite vieille qui a joué au loto pour se donner l'impression, durant quelques heures, qu'elle n'est pas si seule.

On suffoque avec tous les parfums à deux balles de ces gamines trop jeunes pour sortir et dont l'éducation sexuelle consistera à se faire baiser sur la banquette arrière d'une voiture nauséabonde.

On entend tous ces gosses gueuler plus fort que leur tête ne peut supporter, dans l'espoir dérisoire que quelqu'un les écoute.

On regarde en douce ce quadra qui se dit que tiens, il se taperait bien une ptite jeune ce soir. Ca fait longtemps qu'il n'a plus eu de viande fraîche.

On remarque la jeunette, toute pimpante et fringante qui se dit que ouais, le vieux là, ça fera bien chier son père si elle se l'envoie.

On voit soupirer ce travailleur étranger qui s'est entendu dire toute la journée qu'il n'était qu'une merde bonne à retourner chez lui.

On discerne cette femme qui gémit parce que son fils la traite de vieille pute et lui a balancé une canette de bière à la figure.


Oui, décidément, j'aime le vendredi soir en ville.

Je ne rêve que d'une chose. M'enfoncer dans les profondeurs de l'océan, rejoindre ces fossiles sans nom qu'on ne découvrira jamais et écouter le silence, voir la nuit et sentir le néant.

Devant toi, je souris.
Regarde ailleurs et mes lèvres retombent.
J'ai même appris à mettre de la lumière dans mes yeux, du sang dans mes joues, de la joie dans ma voix.
Tourne les yeux et mes épaules s'affaissent, mes jambes se plient et mes pieds se trainent.


Regarde moi.

Tu vois ?
Je ris.

3 commentaires:

  1. ah bah t'es optimiste toi ! euh ... en fait nan, je dirais plus réaliste !
    les gens sont notre spectacle quotidien autant que nous sommes le leur. je ne sais pas si t'enfoncer dans l'océan te rendra plus heureuse, plutot que t'enfoncer, élève-toi et plane au dessus de tout ça, vois le monde sous un angle plus élevé, et si tu es assez cynique (ce que je crois) tu te surprendras à rire de bon coeur de cette farce géante qu'est la vie dans la société actuelle ...
    (je viens de réaliser ce que je viens d'écrire, je vais prendre le temps de digérer ça ... ^^)

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  2. EUHHHHH...
    Tant que ça??
    Ben merde, alors.
    Et les amoureux qui se bécotent sur les bancs publics?
    Joli texte, en tout cas...
    Bises

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  3. Ca boume ?????
    Et la bagnole de kéké tunée, il y en a des tas par chez toi !!!

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